Que d’émotions !!!

Mar 6, 2021 | La vie collective

que d'émotion

Que d’émotions !!!

Le terme émotion est maintenant dans toutes les bouches. Sa dissémination, par le biais des médias et de la publicité, est maintenant dans toutes les sphères de la société comme si le terme avait toujours existé. Pourtant au XVI siècle, le terme émotion n’existe pas. Il y a des notions associées comme esmouvoir qui pourrait se traduire par « mettre en mouvement » dont émotion est dérivée. Les passions correspondraient plus à ces émois. Il faut attendre le XVII siècle pour le voir apparaître.

expression émotionnelle Kanelle SCHAHMANECHE

Toutefois, sa signification n’a pas de correspondance avec le terme d’aujourd’hui. Émotion désignait un mouvement collectif, une agitation populaire, troubles, sédition. (CNRTL.fr). Le dictionnaire Littré de 1883 lui donne une signification similaire « mouvement qui se passe dans la population » : « On ne parle que de la guerre ; le roi à deux cent mille hommes sur pied ; toute l’Europe est en émotion. », Marquise de Sévigné.(littré.org). Dans la Grèce antique, Aristote parlera des passions. Autrement dit, initialement, l’émotion a un sens collectif et non individuel. Il a donc trait à un comportement collectif. Selon Rimé, derrière cette définition de trouble, d’agitation, de mouvement populaire, il y a une connotation moraliste de cette masse débordante et d’agitation populaire.

Un effet de mode ?

Le sens affectif et individuel qui lui est donné aujourd’hui apparaît avec Descartes dans les passions de l’âme. Il en sera le précurseur en France, le temps que cette notion traverse l’Histoire et se précise avec les premières recherches de Darwin :
« Après avoir considéré en quoi les passions de l’âme différent de toutes ses autres pensées, il me semble qu’on peut généralement les définir comme des perceptions, ou sentiments, ou des émotions de l’âme, qu’on rapporte particulièrement à elle, et qui sont causées, entretenues et fortifiées par quelque mouvement des esprits » (Descartes – Les passions de l’âme – 1649).

Une première évidence a été levée. Une deuxième sur son étymologie a été réalisée de manière succincte. Essayons de cerner la complexité du terme et de dépasser encore les évidences. Qu’est-ce-qu’une émotion ?Après avoir cerné son origine, cerné le mot, qu’est-ce-qu’une émotion ?

L’émotion fait partie des états affectifs. Deux caractéristiques s’imposent : elles sont installées de façon automatique et elles font référence aux plaisirs ou aux peines. Les émotions sont des expressions saillantes et fortes des états affectifs. Les autres états sont moins intenses, moins différenciés, et plus diffus : les humeurs, les troubles émotionnels, le tempérament, les préférences et les affects.

Que provoquent les émotions dans mon corps ?

En tout cas, la recherche est d’accord pour valider le fait que les émotions sont associées à des changements physiologiques. Les réactions corporelles que suscitent l’émotion à la perception d’un stimulus interne ou externe sont la manifestation du système nerveux autonome. C’est lui qui s’occupe des fonctions vitales. Si les émotions provoquent un changement brutal, le système nerveux autonome va se mettre en branle automatiquement pour ajuster et réguler en toile de fond notre état subjectif.

Face à la peur, notre respiration va s’accentuer, des tremblements apparaîtront, notre rythme cardiaque va s’accélerer, certaines veines vont se dilater pour augmenter la circulation sanguine et pour amener de l’énergie et les hormones aux organes et muscles impliqués. Ainsi, nous seront prêts à sprinter et battre le record du monde du 100 mètres, sans nous en rendre compte, comme si un voile se glissait devant nos yeux pour agir en automaticité. Et à la descente, notre conscience réapparaît.

Quelle est la fonction d’une émotion ?

La fonction principale de l’expression faciale de l’émotion est de protéger l’organisme ou de le préparer à l’action. Ainsi, le soulèvement des sourcils associé à la surprise permettrait d’accroître le champ visuel et de bouger plus facilement l’œil dans toutes les directions.

La deuxième fonction proposée par Darwin est celle de la communication. L’expression faciale émotionnelle permet de communiquer non seulement un état mais aussi une intention. Cette fonction semble avoir pris chez l’homme une importance majeure, et c’est elle qui, dans les années 1970, fait rentrer l’étude des expressions faciales émotionnelles dans le champ des sciences sociales. L’expression faciale de l’émotion joue en effet chez l’homme un rôle majeur dans la communication sociale (Ekman 1971). Ekman démontre l’universalité d’un certain nombre d’expressions faciales. Les émotions qualifiées de basiques et leurs expressions faciales sont universellement reconnues même s’il existe de légères différences culturelles dans l’expression des émotions.

La troisième fonction est l’expression faciale de l’émotion. Elle jouerait, selon Darwin, un rôle de décharge d’un excès d’excitation du système nerveux. Il donne l’exemple du rire qui, par un mouvement quasi-compulsif, décharge le surplus d’énergie nerveuse induit par des tensions physiques ou psychologiques.

 

Et l’expression faciale ?

La question de ce qu’exprime l’expression faciale émotionnelle est encore débattue. Néanmoins, l’ensemble des travaux suggère que ce n’est ni le pur résultat d’un état émotionnel, ni un pur signal de communication mais plutôt un mélange des deux. Il ressort cependant des travaux de Darwin et d’Ekman qu’il est important de faire une distinction entre différents types d’émotions. On différenciera alors trois types d’émotions : les émotions dites sociales, comme la sympathie, la honte ou l’orgueil, les émotions d’arrière-plan, qui sont des états d’humeurs soutenues dans le temps (Damasio 2001), et les émotions basiques (ou primaires). Ces dernières sont au nombre de six d’après la liste d’Ekman : la joie, la peur, la colère, le dégoût, la surprise et la tristesse.

que d'émotion Kanelle SCHAHMANECHE

Mais ces émotions, dites universelles, ne seraient pas si évidentes que ça. Encore une autre évidence à dépasser.